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Sujet de stage de M2 proposé par Stéphane Azoulay, MCF Université Nice Sophia Antipolis

Les poteries archéologiques représentent des témoins inestimables des modes de fonctionnement des sociétés du passé, aussi bien en termes de savoir-faire techniques qu’en ce qui concerne les organisations socio-économiques mises en jeu (sources de matières premières exploitées et réseaux d’acquisition et d’échange ; diversité des techniques de fabrication ; usages et fonctions des poteries). Si les classifications typologiques sont anciennes, les recherches sur les techniques de fabrication se développent depuis plusieurs années tandis que les approches fonctionnelles n’ont vu le jour que très récemment sur ce type de vestiges (Vieugué, 2014).
L’étude de leur contenu est un des éléments essentiels afin d’essayer de déterminer dans un premier temps les substances contenues dans les récipients et ensuite d’aborder leur fonction et la gestion des ressources naturelles compte tenu des contextes chrono-culturels considérés (Drieu et Regert, 2015 ; Regert, 2007 et 2011).
Jusqu’à présent, mis à part quelques essais sur les matières protéiques par immuno-chimie (Craig et al., 2000) ou à l’aide de méthodes protéomiques (Solazzo et al., 2008), les recherches se sont surtout focalisées sur la caractérisation moléculaire et isotopique de l’extrait lipidique (Evershed, 2008 ; Regert, 2011).
L’objet de ce stage aura pour but de caractériser par immunoanalyses les résidus protéiques contenus dans les poteries. En effet, outre les méthodes de spectrométrie de masse relativement lourdes à mettre en œuvre, plusieurs études ont démontré l’intérêt des techniques immunologiques pour l’analyse des protéines afin d’identifier par exemple, le contenu de poteries préhistoriques ou la composition de colles picturales médiévales. Simples et faciles à mettre en œuvre, les méthodes d’immunoanalyses sont principalement utilisées en analyse médicale mais offrent des perspectives prometteuses et originales en archéologie.
L’étudiant(e) recruté(e) aura pour but de valider cette approche sur des échantillons de céramiques imprégnées de protéines animales d’origines différentes et artificiellement vieillies. La première étape consistera à mettre au point la procédure d’extraction puis la seconde de développer le dosage immunologique le plus adapté (immunoblot, ELISA...).

Contexte : ce stage se déroulera à l’ICN (Institut de Chimie de Nice) sous la responsabilité de Stéphane Azoulay, en collaboration avec le CEPAM (Cultures et Environnements. Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge) dans le cadre de l’ANR CIMO dirigée par Didier Binder (http://www.cepam.cnrs.fr/spip.php?article2353).

Contact : Stéphane Azoulay (Stephane.AZOULAY@unice.fr)

Références
Craig, O., Mulville, J., Pearson, M. P., Sokol, R., Gelsthorpe, K., Stacey, R., Collins, M., 2000, Detecting milk proteins in ancient pots. Nature 408, 312.
Drieu L., Regert M., 2015, Substances naturelles liées aux céramiques archéologiques. Les Nouvelles de l’archéologie 138, 54-60.
Regert M., 2011, Analytical strategies for discriminating archaeological fatty substances from animal origin. Mass Spectrometry Reviews 30 (2), 177-220.
Regert M., 2007, Elucidating Pottery Function Using a Multi-Step Analytical Methodology Combining Infrared Spectroscopy, Mass Spectrometry and Chromatographic Procedures. British Archaeological Reports S1650, 61-76.
Solazzo C., Fitzhugh W. W., Rolando C., Tokarski C., 2008, Identification of protein remains in archaeological potsherds by proteomics. Analytical chemistry 80, 4590-4597.
Vieugué J., 2014, Fonctions des contenants et des outils en céramique : les premières productions de Bulgarie (6ème millénaire av. J.-C.). CNRS Éditions. Paris. 198 p.