C'est avec beaucoup d’émotion que j’ai appris la nouvelle du décès de Mr Picon.
Physicien et Archéologue, Maurice Picon a été l’un des fondateurs de l'archéométrie française. Il avait une vision globale des questions archéologiques et a réussi à développer, à l'Université LYON 2, un "laboratoire de céramologie" original à une époque où l’interdisciplinarité n’allait pas de soi. L'archéométrie française vient de perdre un grand chercheur qui a œuvré pour convaincre la communauté scientifique que l’archéométrie n’est pas une science annexe de l’archéologie. Sa production scientifique foisonnante sur des sujets aussi variés que les métaux, la céramique, le verre et l’alun démontre l’ampleur de son rayonnement intellectuel. Il a eu tout particulièrement une influence significative sur l’évolution de la céramologie tant du point de vue des questionnements archéologiques que de la mise au point de protocoles d’analyses et d’interprétation.
Je rends ici hommage à ce grand scientifique qui a créé une discipline, fondé un laboratoire et surtout marqué de son empreinte nombre de céramologues et d’archéologues tant à la Maison de l’Orient et de la Méditerranée de Lyon, qu’en France et à l’étranger.

Anne Schmitt, Maison de l'Orient et de la Méditerranée, Lyon (France)

 

C'est avec une grande tristesse que j'apprends cette nouvelle. Maurice Picon était un fondateur et un solide pilier de l'archéométrie française. Derrière un aspect un peu bougon, c'était un homme d'une grande humanité, d'une curiosité insatiable et en même temps un puits de science. Dans le domaine du verre, il était toujours de bon conseil et c'était toujours avec un immense plaisir que lors des colloques je discutais avec lui des programmes en cours. Il avait une vision globale des problèmes et son avis a toujours été d'une grande aide pour moi.
Même si mes premiers contacts avec lui ont été fort houleux, je me souviens d'une mémorable engueulade sur mes travaux dans son bureau, où je m'étais fait bien petit. Mais, une fois les choses dites, il savait oublier et suite à ce premier savon reçu de sa part, nos contacts ont toujours été chaleureux et riches d'enseignement pour moi.
L'archéométrie française vient de perdre un grand Monsieur, mais ses apports que ce soit en céramologie, sur le verre et même sur les métaux lui survivront longtemps. Cette semaine c'est le colloque de l'AFAV, une association ou il a longtemps été présent et à laquelle il a apporté beaucoup, ce sera l'occasion pour nous archéologues et archéomètres du verre de lui rendre hommage.

Bernard Gratuze, Centre Ernest Babelon, Orléans (France)

 

He was one of the founding fathers of the techniques and data that are used and acknowledged by all in ancient materials studies and archaeological science. He will be missed!

Prof. Dr. Patrick Degryse, Geology Centre for Archaeological Sciences, Leuven (Belgium)

 

La disparition de Maurice Picon me renvoie à mes années d'études à Lyon lorsque, inscrit à ce qui était alors à la Licence d'Histoire de l'Art et d'Archéologie, nous traversions la rue pour passer des vieux bâtiments de l'Université à une Maison de l'Orient flambant neuve. M. Picon nous y délivrait un enseignement étrange, parlant de thermoluminescence, de distance de Mahalanobis et de réactions chimiques. Si tout cela nous apparaissant (à juste titre) assez compliqué, nous comprenions malgré tout que la science et l'archéologie, voire l'histoire de l'art, devaient se rencontrer et qu'il contribuait à lancer des ponts entre les deux disciplines.
Par la suite, devenu chercheur, je le retrouvais régulièrement dans des colloques, appréciant toujours avec bonheur sa grande curiosité intellectuelle et ses questions stimulantes; sa politesse et son urbanité étaient reconnues, dans un milieu où ces qualités ne sont plus guère à la mode. Je regretterai le chercheur et l'homme, dont la fréquentation occasionnelle, au-delà de l'Université, m'a accompagné tout au long de ma vie professionnelle.

Michel Feugère, Archéométrie et Archéologie, Lyon (France)

 

C'est avec une profonde tristesse que j’ai appris la nouvelle du décès de Mr. Picon. Je peux dire qu'il a été l’un des chercheurs les plus brillants dans le domaine de l’archéométrie et spécialement dans les études des céramiques anciennes. Son travail a bâti nos connaissances de plusieurs productions anciennes, et sa contribution à l’établissement d’une théorie et d’une méthode dans cette discipline a été absolument transcendante.
Au niveau personnel, je le considère comme un enseignant gentil, savant et toujours surprenant, il a été une inspiration. Mais je le considère aussi comme un grand homme. Lors de mes visites au labo de Lyon et de mon contrat postdoctoral, son attitude, sa capacité et sa sympathie ont laissé dans mon cœur profonde reconnaissance et gratitude.

Jaume Buxeda i Garrigós, ARQUB (GRACPE), Universitat de Barcelona, Barcelona (Catalonia,Spain)Picon MazzantaProspecting in Mazzanta site (Cecina, Livorno),
July 1999

 

What a sad news! He was a Giant in all points of view. I want to remember him in all his enthusiasm in the ager Volaterranus survey.

Simonetta Menchelli, Università di Pisa (Italia)

 

Nous avons été très émus d’apprendre la disparition de Maurice Picon, notre vénéré maître et ami. Il fût pendant de longues années un enseignant passionnant et passionné des cours bis-annuels hebdomadaires d’archéocéramique de notre institut/département. Notre équipe de recherche pouvait compter sur ses précieux conseils et surtout sur le vaste corpus d’analyses chimiques qu’il avait établi pendant sa longue carrière. Il est un des pionniers de l’archéométrie, non seulement en France, mais en Europe. Son approche rigoureuse et critique forma toute une génération de scientifiques. Ses articles scientifiques brillent par leur clarté et l’élégance de l’exposé. Maurice Picon restera vivant dans notre mémoire et nous lui sommes profondément reconnaissants de nous avoir accompagné pendant de si longues années sur notre chemin archéométrique.

Vincent Serneels, Gisela Therrin-Michael, Marino Maggetti, Département des Sciences de la Terre, Université de Fribourg (Suisse)

 

Maurice Picon was a very important pioneer in the early days of archaeometry, and as a result, I became familiar with his research from the time that I started my own DPhil research on thermoluminescence dating in 1960. Subsequently, I continued to follow his ongoing research into ancient ceramics, with its emphasis on Roman terra sigillata, throughout my career.
However, our paths never crossed until I attended the conference on "L'alun de Mediterranee" in Naples in June 2003, where I was charmed by his enthusiasm for the topic and his willingness to share his wide ranging knowledge with colleagues at all stages in their careers. Clearly, Maurice Picon was a crucial player in the list of researchers, which included Ed Sayre and Fred Matson, who pioneered scientific studies of ancient ceramics.

Pr (Emeritus) Michael Tite, Research Laboratory for Archaeology and the History of Art, Oxford (United Kingdom)

 

A giant of a man in archaeological science and who contributed so much to ceramic studies.

Dr David Williams, FSA Archaeology-Humanities, University of Southampton (United Kingdom)

 

Je suis saisi d'une grande tristesse à l'annonce du décès de Maurice Picon, mon maître es céramologie. Valbonne, SFECAG ... que de grands moments d'enseignement de cette spécialité que j'ai reçus de lui. J'ai également une pensée émue pour sa 4L qui a tant de fois sillonné les routes de France.

Frédéric Berthault, Service Régional d'Archéologie, Aquitaine (France)

 

E' con profonda commozione, e con grande dispiacere, che apprendiamo la notizia della morte di Maurice Picon. Con lui scompare una delle figure più rappresentative dell'archeologia europea: uno studioso che ha saputo innovare in profondità gli studi archeometrici, ma che è stato anche in grado di promuovere e consolidare un rapporto stabile e proficuo con la ricerca archeologica e ceramologica nel suo insieme. Maurice Picon è stato anche un grande e prezioso membro dell'AIECM3, fin dagli inizi. E, anche in questa veste, vogliamo ricordarlo: un compagno di viaggio sempre presente, un osservatore acuto e incisivo, un consigliere autorevole ed ascoltato. Un amico, di cui non rimpiangeremo mai abbastanza l'assenza.

Sauro Gelichi, Presidente dell'AIECM3

 

Tristesse.
Dans une vie, si l’on rencontre beaucoup de gens, il y en a bien peu qui comptent vraiment. Dans la mienne, Maurice Picon est assurément de ceux-là. Si je suis infiniment triste à la pensée qu'il nous a quittés, son souvenir reste bien vivant, lui. Souvenir d’un grand savant doublé d’une belle personne, à la crinière blanche d’intransigeance, aussi exigent vis à vis des autres qu’il l’était pour lui-même. Pétillant d’intelligence et un peu ours, pas facile à apprivoiser. Mais ensuite, quelle gentillesse, quel être exquis !
Il avait bien voulu se pencher en 1987 sur le cas modeste d’une manufacture de faïence régionale de l’époque moderne que j’étudiais pour ma thèse afin, disait-il, de voir jusqu’à quel niveau de complexité les analyses pouvaient prétendre apporter une solution. Ce fut pour moi, alors encore amateur bénévole guidé par ma seule passion, non seulement un immense honneur, mais aussi une véritable révélation, l’apport inespéré des sciences dures à l’étude de la faïence, considérée jusque-là comme un art décoratif, trop longtemps cantonné dans les vitrines inaccessibles des musées et les intérieurs feutrés des collectionneurs. Le bonheur fut à son comble quand il accepta, en bougonnant, de m’écrire la préface d’un livre publié en 1995.
Depuis les travaux pionniers que Maurice Picon a bien voulu mener sur cette céramique moderne, et grâce à lui, tout a changé. Les certitudes des experts et des collectionneurs se sont muées en doutes et en questionnements, mais les connaissances ont fait des progrès irréversibles, et qui se poursuivent encore jour après jour. Qu’il en soit infiniment remercié.

Jean Rosen

 

Dans l’évolution des méthodes d’étude sur les céramiques antiques, ou médiévales, au cours des années 1960-70 s’est fait jour le besoin d’asseoir les recherches sur des certitudes, en particulier en termes de provenances de ces produits de l’artisanat, toujours porteurs d’informations sur le commerce et les échanges. Les analyses scientifiques de pâtes participent de ces attentes et le processus ne pouvait naître qu’en abordant le sujet par une approche objective de cette matière, par la physique, la chimie et les identifications minéralogiques. La démarche supposait des protocoles élaborées par l’expérimentation et des comparaisons de résultats obtenus à partir d’échantillons passés en machines, généralement coûteuses ; il s’agissait toutefois d’obtenir, par une tenace persuasion, leurs acquisitions par l’administration ... et de constituer une équipe de laborantins spécialisés Alors étaient obtenus des résultats prometteurs qui, peu à peu et à force de redondances, devenaient des bases de références. La science donnait des preuves aux pâtes des céramiques et ouvrait donc aux certitudes.
Maurice Picon accompagna l’émergence et les différents stades de ces recherches. En outre et surtout, il sut communiquer ces avancées et ces résultats ; il le fit, toutefois, avec la prudence qui s’imposait, et il le fit, surtout, et malgré l’aridité de la discipline – de sa discipline – avec le sens aigu d’une solide pédagogie.

Lucien Rivet, Président de la Sfécag

 

Un grand scientifique et un ami fidèle (Extrait de l'hommage sur le site du LA3M)
L’ouverture d’esprit de ce scientifique, dont le nom et l’œuvre font autorité, se doublait d’une grande humanité, tissant des liens amicaux indéfectibles avec nombre de chercheurs de l’Association Internationale pour l’Etude de la Céramique Médiévale en Méditerranée (aujourd'hui AIECM3) et du Laboratoire d’Archéologie Médiévale et Moderne en Méditerranée (LA3M).
Sa vision fondamentale de la céramique fut essentielle pour la connaissance de l’histoire des sociétés techniques et artisanales et a guidé et guidera encore de nombreuses générations d'archéologues de toutes périodes et de nombreux pays.
Maurice Picon a fait partie du comité international dès la création de l'AIECM en 1992 et en était devenu conseiller scientifique depuis 1996.

Henri Amouric, directeur du LA3M , Jacques Thiriot, secrétaire de l’AIECM3, Lucy Vallauri, chercheur associé au LA3M

 

I was very sorry to read of the death of Maurice Picon. He was surely an influential figure in archaeometry in France and he certainly was to myself while I was at the Fitch Laboratory, British School at Athens; he set an example in how to apply chemical analysis to questions about ceramic production and the sources of pottery. He was enormously productive. In my mind one of the hallmarks of his work was the clarity with which he presented and interpreted his results; they always made good sense. Sadly I never visited him at his laboratory at Lyon, but our paths crossed in Greece a few times in connection with our common interest in Greek transport amphorae; I was delighted that he and Jean-Yves Empereur gave a talk on their wider-scale study of amphora production at a meeting I organised at the British School at Athens in 1987 (and subsequently published in the proceedings). My wife, Effie Photos-Jones, joins me in acknowledging the importance of his work in archaeological science. Having interests in ancient alum, they met at the conference in Naples in 2003; his characterisation of the supposed Melian-type amphora was of direct importance to her work on the Roman exploitation of alum and other minerals on Melos.
Maurice Picon will be sadly missed.

Richard Jones, University of Glasgow (United Kingdom)
Former Director of the Fitch Laboratory, British School at Athens