Comprendre le quotidien des humanités fossiles passe par l’interprétation des outils (outils en pierre, en os, en bois de cervidés, en coquillage) de ces utilisateurs du passé. Les recherches en sciences archéologiques s’intéressent à ces questions depuis de nombreuses années. Comme pour tout objet, (et a fortiori les outils de pierre qui seront au centre du projet présenté ici), l’utilisation et l’exposition à différents agents modifient la topographie des surfaces les plus directement accessibles à l’environnement. Ainsi, l'observation et la caractérisation des traces (signatures topographiques) à la surface des outils peuvent nous fournir des indices sur les processus subis : mouvements effectués (raclage, sciage…), matières travaillées (peau, bois…). Les analyses tracéologiques se basent sur le principe actualiste qui consiste à considérer que les phénomènes observés aujourd’hui peuvent servir de référence pour expliquer les phénomènes du passé. Les traces obtenues à la surface d’outils expérimentaux similaires aux outils archéologiques devraient donc être similaires aux traces produites lors de l’utilisation des outils par les humains vivant à la Préhistoire. Par exemple un outil en pierre utilisé pour racler un os devrait porter, aujourd’hui comme il y a plusieurs milliers d’années, la même signature topographique – toute altération taphonomique liée à l’enfouissement mise à part. La constitution de référentiels expérimentaux de traces, et leur comparaison avec des traces observées sur le matériel archéologique permet alors de déterminer les possibles utilisations des outils du passé. L’expérimentation montre néanmoins que de nombreux facteurs peuvent impacter négativement les chances de retrouver des informations visuellement claires à la surface des outils archéologiques. L’analyse des micro-polis des outils préhistoriques est une alternative pouvant fournir des indices précieux sur l’utilisation des outils dans la préhistoire. Toutefois, la plupart des analyses sont encore qualitatives et les interprétations correspondantes sont sujettes à des erreurs d’appréciation de l’observateur. Pour rendre plus robuste la caractérisation et l’interprétation des altérations des surfaces d’outils faits de pierre, nous proposons de mettre en place une méthode de caractérisation multiéchelle de la topographie des surfaces altérées à l’aide d’un corpus d’outils expérimentaux issus de différentes roches (silex, quartzite, meta-rhyolite …) utilisés (manuellement et l’aide d’un tribomètre) pour scier ou racler différentes matières (os, bois de cerf, roseau…) avec différents nombres de cycles.
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