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En France, le Paléolithique supérieur marque un changement majeur dans la manière dont les communautés humaines exploitaient les ressources naturelles à disposition. En particulier, ce bouleversement semble accorder une place plus importante à la pêche. Cette hypothèse est supportée notamment par la mise au jour de restes de poissons parfois abondants dans de nombreux sites d’occupation magdalénienne et azilienne du bassin aquitain. Des études préliminaires de ces assemblages ont déjà été fournies par le passé, mais ont généralement souffert du manque de moyens d’identification objectifs. En effet la séparation des espèces chez les salmonidés et les cyprinidés, deux familles de poissons dulçaquicoles fréquemment retrouvées dans les assemblages paléolithiques, s'avère difficile sur la base des caractères ostéologiques. Face à cette difficulté, accentuée par les forts taux de fragmentation des restes, plusieurs méthodes ont été récemment utilisées pour obtenir des identifications spécifiques : morphométrie géométrique appliquée aux contours vertébraux; ADN ancien; paléoprotéomique. Pour permettre d’aborder plus finement les problématiques paléohalieutiques et paléoécologiques, et les replacer dans le contexte culturel du Paléolithique supérieur, le choix des méthodes d'identification se portera dans le cadre de cette thèse sur l'anatomie comparée et la paléoprotéomique. Le matériel d'étude choisi est celui mis au jour dans les niveaux du Magdalénien supérieur et final et aziliens (13000-11000 BP) des sites de Troubat (Hautes-Pyrénées) et d’Arancou (Pyrénées-Atlantiques), auquel s'ajouteront ceux de la grotte des Églises (Ussat-les-Bains, Ariège), de la grotte de La Vache (Alliat, Ariège) et de l’abri Duruthy (Sorde-l’Abbaye, Landes). L’étude de ce matériel complètera aussi l’histoire de la paléobiodiversité aquatique du sud-ouest de la France sachant que plusieurs espèces endémiques y ont été décrites ces dernières années, ce qui en complexifie l'image connue. Enfin, pour étayer les modalités et les techniques d’acquisition des ressources aquatiques chez les chasseurs-pêcheurs-cueilleurs du piémont pyrénéen à la transition Tardiglaciaire - postglaciaire, la thèse portera un regard fonctionnel sur les « hameçons » bipointes, les « foënes » et les nombreux exemplaires de pointes barbelées retrouvés sur les sites de cette région dont beaucoup restent à étudier ou réviser. Les pointes barbelées, souvent interprétées comme têtes de harpons, ont été discutées du point de vue fonctionnel et pourraient avoir été destinées indifféremment à la capture des poissons, des micro- et méso-mammifères et des oiseaux. Pour participer au débat, tester ces hypothèses et explorer plus avant la fonction de ces pointes barbelées, cette thèse se propose, sur la base d'une recherche bibliographique tant en archéologie qu'en ethnographie, et en s’appuyant sur les cortèges ichtyofauniques déduits des identifications, de croiser les différentes données obtenues pour en dégager des convergences. Nous proposons donc ici une étude archéo-ichtyologique intégrée alliant l'anatomie comparée, la paléoprotéomique et l'étude fonctionnelle des harpons en vue de reconstruire la part et les modalités de la pêche au Paléolithique supérieur dans cette région particulière qu'est le sud-ouest de la France.

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