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Ce projet s’inscrit dans la perspective d’une compréhension renouvelée des relations entre l’humain et l’animal, de l’évolution des pratiques agricoles et de l’alimentation humaine en relation avec le contexte social et la démographie. Le projet réside dans une analyse approfondie de la structure et de l'évolution de l’élevage porcin sur une échelle diachronique prolongée, de l’Antiquité au Moyen Âge, en se focalisant spécifiquement sur le nord de la France. Si l’histoire de l’élevage, ces dernières années, a permis de développer nos connaissances sur les bœufs, les moutons ou les chevaux, le porc demeure encore un peu un inconnu de l’histoire. Derrière une chronologie qui souligne un recul de la place du cochon dans les campagnes au cours du XVIIe siècle par rapport au Moyen Âge en raison de la déforestation, se cachent de grandes variations régionales sur ses modalités d’élevage, sa complémentarité avec d’autres activités agricoles, ses usages, sa conservation ou sa consommation. Les travaux des archéologues et des archéozoologues offrent assurément des perspectives intéressantes pour saisir le rôle de ces animaux depuis l’Antiquité et leur insertion dans leur environnement naturel et culturelle. L’histoire renouvelée des animaux qui s’est engagée depuis quelques années invite sans doute à porter un autre regard sur leur place dans les sociétés du passé et sur leur rapport aux hommes dans la perspective d’une histoire mêlée. Essentiel, mais peu visible finalement, le porc s’inscrit aussi dans une économie de la transformation et de l’échange dont les mondes ruraux et urbains, privilégiés ou non sont parties prenantes. L'approche méthodologique holistique déployée dans ce projet offre une opportunité singulière de discriminer les modes d'élevage porcin en liberté et en confinement. Cette initiative associe des techniques d'analyse biogéochimique dans les tissus osseux et l'analyse des hypoplasies dentaires, évaluant les marqueurs de stress dans les dents des animaux, en complément des études démographiques. Les données proviennent de divers sites, englobant à la fois des contextes urbains et ruraux pour l'Antiquité, ainsi que des habitats élitaires et ruraux pour le Moyen Âge. Pour l'Antiquité, les sites urbains et ruraux de la région amiénoise et de Picardie seront étudiés. Parmi ceux-ci, citons les sites de la rue de Condé, de la rue Jules Barni, de la rue Saint Honoré ou de la rue Edmond Fontaine à Amiens. Concernant l’Antiquité, les sites de Pont-Sainte-Maxence (Rue de Cavillé, Quai de la pêcherie) dans l’Oise ou de Vermand (Place Blanchard, rue Charles de Gaulle) dans l’Aisne. S’ajoute les sites ruraux de Péronne (Somme) ou de Saint Sauveur (Oise). Pour la période médiévale, le site de Boves, dans la Somme, constitue une source importante de données, avec une collection d'échantillons osseux déjà rassemblée. Les données de Boves seront comparées à celles de sites satellites ruraux proches, ainsi qu'à des sites plus éloignés ruraux et élitaires : Nevers (Nièvre), Chevrières, Compiègne, Chiry-Ourscamp, Bresle, Lévignen et Sissonne (Oise, Aisne). La reconstruction des pratiques d'élevage et de commercialisation permise par ces méthodes et le matériel choisi offrent des perspectives uniques pour étudier l'évolution des pratiques agricoles et des modèles d'élevage porcin au fil du temps, mettant en évidence les différences entre les sites élites et ruraux, ainsi que les variations géographiques dans le nord de la France.

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