Les sculptures protohistoriques mises au jour en Provence depuis le XIXème siècle constituent, par leur richesse et leur qualité d’exécution, un ensemble d’oeuvres d’importance majeure pour la connaissance de l’art de l’âge du Fer européen. Parmi elles, les statues de personnages assis en tailleur de Roquepertuse, Entremont, La Cloche et Glanum sont emblématiques de l’Art protohistorique de la Celtique méditerranéenne. Pourtant, la nature et la provenance des calcaires constituant ces oeuvres n’ont fait l’objet que d’un nombre limité d’études et restent assez mal connues, et les reconstitutions des ensembles monumentaux dans lesquels s’intégraient ces statues sont encore hypothétiques. Une partie notable du corpus statuaire protohistorique a été trouvée dans les sites archéologiques sous forme de fragments et certaines reconstitutions de statues ont intégré différents éléments dont l’appartenance à une même oeuvre peut être discutée. Une connaissance plus approfondie du lapidaire statuaire et architectural permettrait ainsi de mieux comprendre le choix des matériaux utilisés, et de réviser ou d’affiner les reconstitutions des oeuvres ainsi que leur intégration dans un ensemble monumental. Une collaboration entre le CEREGE, le CICRP, le Musée d’Histoire de Marseille et le musée Ziem de Martigues a permis de réaliser une étude préliminaire sur un ensemble de sculptures protohistoriques de différentes localités de Provence (Roquepertuse, La Cloche, Rognac, Baou de Saint-Marcel) ainsi que sur une tête en calcaire d’origine inconnue. Cette étude a démontré la pertinence du couplage entre étude pétrographique détaillée (microfaciès, micropaléontologie, diagenèse), mesures géochimiques et analyses non destructives (estimation de la densité par pesée et photogrammétrie) pour l’identification des lieux de provenance, plus ou moins éloignés des sites, des matériaux lapidaires calcaires. La réussite d’une telle méthodologie s’est avérée reposer très largement sur l’existence d’un important fonds de matériaux de comparaison (collection de plus de 10000 lames minces de roches carbonatées), ainsi que de bases de données paléontologiques et géochimiques conséquentes, acquises depuis plus de 150 ans dans les laboratoires de géologie (aujourd’hui regroupés au sein du CEREGE) de l’université d’Aix-Marseille. Cette demande de bourse doctorale s’intègre au sein d’un projet interdisciplinaire visant à fédérer un vaste champ de compétences et de moyens en géosciences, archéologie et architecture, existant au sein d’Aix-Marseille Université (CEREGE, CCJ, IRAA) et d’organismes partenaires (CICRP, Musée de Marseille, Musée Granet, Centre des Monuments Nationaux, Service Régional de l’Archéologie). Le projet de thèse a pour objectif de formaliser une méthodologie de caractérisation des roches carbonatées utilisées dans la statuaire protohistorique de Provence et les éléments architecturaux ou de décor associés (portiques, linteaux, vestiges de polychromie…) permettant : 1) d’identifier les sites d’extraction et les circuits d’approvisionnement de ces matériaux et de les comparer avec ceux mis en oeuvre dans la sculpture massaliote, 2) de mieux comprendre les critères (économique, technique, esthétique ou pragmatique) qui ont conduit aux choix de ces différents matériaux pour la réalisation de sculptures et de l’ornementation architecturale ; 3) de déterminer dans quelle mesure les différentes sculptures d’un site archéologique peuvent appartenir à un même ensemble monumental, 4) d‘enrichir et de renouveler les critères permettant de valider ou d’invalider des reconstitutions de statues réalisées à partir d’éléments fragmentaires. La caractérisation fine des calcaires statuaires de Provence et de leurs affleurements supposés de provenance conduira également à améliorer notre connaissance des formations carbonatées régionales et des variations spatiales de leurs propriétés. Les implications de ces travaux de thèse concerneront donc les domaines de l’archéologie des sociétés protohistoriques, de l’archéologie de l’architecture, de la muséographie, de l’archéométrie et de la géologie régionale. Ce projet contribuera ainsi à valoriser le patrimoine archéologique et géologique régional.
Les candidats intéressés doivent contacter par mail les directeurs de thèse: François FOURNIER, CEREGE et Hélène AURIGNY, Centre Camille Jullian.
L'école doctorale attribuera les bourses en fonction de la qualité du projet, du dossier du candidat et de la présentation orale du candidat. L'oral et le classement des dossiers se dérouleront les 28/06 et 5-6/07 prochains.
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