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L'histoire des populations humaines en milieu aride a toujours été étroitement liée à celle de l'eau et de sa disponibilité au cours du temps. De la préhistoire aux périodes historiques, les populations des régions arides ont, pour s'implanter, successivement profité d'isolats bénéficiant de ressources hydriques importantes, des zones refuges, puis ont modifié leur environnement de manière à construire des niches sociales et environnementales, les oasis. Ces dernières sont des espaces intensivement cultivés dans des zones climatiques marquées par un bilan hydrique déficitaire. Au Moyen-Orient, ces oasis sont profondément structurées par le palmier dattier (Phoenix dactylifera). L'émergence de cette plante, en combinaison avec d'autres cultures associées (fruitiers, céréales), s'observe en Mésopotamie, sud-est de l'Iran et Arabie orientale il y a environ 5 000 ans (âge du Bronze Ancien), parallèlement à un lent processus de sédentarisation des populations humaines. Au nord-ouest de l'Arabie, les découvertes archéologiques récentes font état de l'apparition d'oasis « urbaines » à la même période. Ces oasis semblent être caractérisées par des zones d'habitats et agricoles délimités (« walled oasis ») sans que l'on ait une idée précises des agrosystèmes associés. En particulier, l'émergence de la culture du palmier dattier est, dans l'état actuel de nos connaissances, plus tardive, et n'apparaît pas avant la fin du 2e millénaire av. n. ère. Entre l'époque des premières formes agricoles et celle des monocultures intensives actuelles, l'Arabie connaît de fortes dynamiques d'activités et d'échanges influençant les agrosystèmes oasiens et le milieu environnant. Le projet doctoral aura pour but d'étudier les dynamiques d'utilisation des ressources végétales en Arabie du nord-ouest en s'appuyant sur des corpus archéobotaniques provenant de plusieurs sites archéologiques de la région d'Al Ula (Dadan, Hégra, Khaybar) et un site de comparaison situé plus au nord (Al Bad) dont les périodes d'occupation s'étendent entre le 6e millénaire et l'actuel. Le corpus d'étude comprend des restes carpologique (graines & fruits) et anthracologique (charbon de bois) préservés dans des prélèvements de sédiment. L'étude des vestiges végétaux, associée à une réflexion interdisciplinaire menée dans un cadre scientifique dynamique et bénéficiant de datations radiocarbones directes, permettra ainsi d'éclairer la genèse et l'évolution des agrosystèmes oasiens sur plusieurs millénaires.

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