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L'incendie et le chantier de restauration de Notre-Dame de Paris ont révélé l'importance inattendue et la diversité des usages des alliages ferreux au sein de l'édifice depuis sa construction aux XIIe-XIIIe siècles jusqu'à ses restaurations du XIXe siècle. Plusieurs tonnes de métal, des milliers d'agrafes, de clous de charpente ainsi que des armatures issues des consolidations de l'époque moderne et contemporaine ont été mises au jour. Ces fers, partiellement inventoriés par le Laboratoire de Recherche des monuments historiques (LRMH) et le GT Métal du chantier scientifique CNRS/ Ministère de la Culture depuis 2019 sont aujourd'hui disponibles pour la recherche. Par leur nature et leur quantité, ils constituent un corpus exceptionnel et inédit pour un édifice gothique et une opportunité unique de développer des problématiques interdisciplinaires sur un site majeur du royaume de France. L'étude de ces métaux, de leur rôle dans le bâtiment, de leurs techniques de mise en forme, de leur qualité et de leur provenance permet de donner un éclairage unique sur plusieurs problématiques de première importance en histoire de la construction, histoire des techniques et en histoire économique. L'originalité du projet se fonde sur le temps long du chantier (XIIe-XIXe siècles) pour renouveler les recherches en histoire et archéologie de la construction et en archéométallurgie en abordant ces questions historiques notamment par l'analyse de la matière. Le doctorant prendra en charge l'ensemble des analyses archéométriques de ce mobilier ferreux en appliquant et en contribuant à développer les méthodologies développées au sein des laboratoires d'accueil. L'analyse métallographique éclairera la qualité des productions métalliques mises en œuvre à Notre-Dame (appel à des filières d'approvisionnement -régions ou procédés techniques- et des matériaux spécifiques). Elle permettra de définir diachroniquement le travail des artisans et de signer les pratiques opératoires. L'analyse chimique en éléments majeurs et trace des impuretés (micro-inclusions) permettra de reconstituer les réseaux d'échange, des sites de production jusqu'au chantier de Notre-Dame et de questionner leur évolution en fonction des campagnes et des phases des chantiers. Pour étayer cette réflexion, le doctorant devra réunir la documentation archéologique (rapports, données et mobilier de fouilles) issue des sites métallurgiques fouillés dans la région ainsi que le long des grands axes de communication (Seine). Il les complètera en participant à une vaste enquête de terrain basée sur des prospections archéologiques, en particulier dans les anciens domaines de l'évêché et du chapitre qui ont pu fournir ce fer. Les données issues des archives du chapitre (ANR e-NDP) seront cruciales pour orienter cette recherche, qui s'inscrit dans une démarche visant à alimenter le référentiel chimique existant des sites de production construit au sein des laboratoires (base de données CHIPS). Ces travaux constitueront une approche inédite et originale du marché du fer parisien. Enfin, au vu des résultats d'analyses réalisées sur le corpus, le doctorant conduira une campagne de prélèvements pour la datation par la méthode du radiocarbone des fers afin de préciser chronologiquement l'emploi des matériaux ferreux à Notre-Dame et de porter un nouveau regard sur la problématique du recyclage, omniprésente sur les chantiers de construction. Cette approche interdisciplinaire s'appuiera sur de récents développements méthodologiques permettant d'étendre les datations carbone-14 aux objets peu carburés.

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[Site web CNRS]